Choisissez un personnage fictif, assez contrasté pour analyser, de roman ou de film, que vous décrirez en une demi-page (âge, sexe, éléments de caractère, bref historique de l’enfance, événements marquants, situation de famille, profession). En utilisant l’exemple de cette personne, vous allez montrer votre compréhension de différentes notions d’AT en répondant aux dix questions suivantes.
Qui que puisse être Dieu, le personnage biblique divin est bien un personnage littéraire. Pour différencier ce personnage de toute question théologique qui n’aurait pas sa place ici, il sera appelé « dieu », avec des guillemets.
On peut réellement considérer que le personnage divin biblique nait en tant que Créateur au moment de la création du monde. Il naît ainsi à la relation avec ses enfants et non avec ses parents. Il n’en est pas moins débutant à l’époque. Il sera imprégné pas des figures parentales diverses au cours de son développement.
Prenons pour hypothèse qu’à la fin du pentateuque, « dieu » a approximativement 2500 ans, à quelques centaines d’années près. Son sexe est bien sûr, indéterminé, par convention, et bien que ce soit contestable, nous le désignerons par des pronoms masculins. En terme professionnel, on pourrait le qualifier d’ingénieur (création du monde), de créatif (le processus de création est poétique) et de profession d’aide (il prend régulièrement le parti des faibles). Son caractère est changeant, il possède à la fois un grand sens de la relation et un grand sens pédagogique, mais aussi une tendance au désespoir, il est très déterminé dans l’action. Ses ressources sont nettement au-dessus de celles de ses partenaires, mais il contient ses forces pour rendre possible une relation qu’il recherche avidement.
Parmi les événements marquants de son histoire, nous noterons certainement la création du monde et la création de l’humain initial, l’amour parfait qui les a unis avant une rupture menant à un déménagement forcé de l’humain. Le premier meurtre l’a certainement traumatisé, il y a néanmoins réagi avec modération. La dégradation générale du monde qu’il a créé l’a amené à des réactions beaucoup plus radicales (le déluge), qu’il a pu contenir partiellement en retrouvant espoir (Noé). La destruction de Sodome et Gomorrhe (Abraham est alors son allié) ou les dix plaies d’Egypte (Moïse est son allié) sont des épisodes apparentés.
Un autre évènement marquant est sans aucun doute l’acceptation de ses enseignements par les hébreux fraichement libérés, puis leur trahison quelques jours après au court de l’épisode du veau d’or.
Sur le plan familial strict, « dieu » est absolument isolé, on pourrait dire qu’il est l’enfant du vide, qui l’a accompagné dans son existence initiale. Cependant, il nous semble également avoir été formé par la pensée humaniste, par les stéréotypes des dieux païens, et enfin, par une figure essentielle, Moïse.
Bibliographie :
BERNE, Eric, 1998, Des jeux et des hommes, Paris : Stock
BERNE, Eric, 1972, Que dites-vous après avoir dit bonjour ?Paris : Tchou
BRECARD, France et HAWKES, Laurie, 2015, Le grand livre de l’Analyse Transactionnelle, Paris : Eyrolles
NICOLE Pierre, ENGLISH Fanita, 2007, Retrouver et développer son énergie vitale,
Paris : InterEditions
STEINER, Claude, 1996, Des scénario et des hommes, Paris : Desclée de Brouwer
STEINER, Claude, 2000, Concepts Fondamentaux de L’Analyse Transactionnelle
https://web.archive.org/web/20010224015313/http://www.emotional-literacy.com/corefr.htm
STEINER, Claude, 2005, Strokes, The Stroke Economy and Opening the Heart,
STEINER, Claude, 2011, l’A.B.C. des émotions, Paris : InterEditions
1- Décrivez le mode de gestion des signes de reconnaissance de votre sujet :
« Eric Berne a canonisé le terme de “stroke” pour nommer une unité de reconnaissance humaine », nous dit Claude Steiner (2005). Les signes de reconnaissance sont des « caresses » qui se regroupent en différentes typologies selon leur « conditionnalité », intention, modalité (verbaux ou non-verbaux, gestuels, toucher, numériques…)(B&H, pp.3-7), leur résultat sur le récipiendaire, leur intensité, le rôle du donneur, leur direction ou zone cible. Ils peuvent également être réels ou « en toc », donnés librement ou extorqués.
Quel genre de sdr’s se procure-t-il ? Quels types évite-t-il et pourquoi ?
La stratégie de « dieu » a consisté en la création d’un monde, dont il s’autorise à recevoir les sdr. Dans ce cadre, Caïn et Abel mettront en œuvre un signe de reconnaissance particulier : l’offrande. L’offrande de Abel (le meilleur de ses possessions) sera acceptée, celle de Caïn (des offrandes « recyclées ») sera refusée. On peut supposer que l’offrande de Caïn était « en toc », « conditionnelle », ou qu’elle était l’amorce d’un jeu. Dieu se donne à lui-même des sdr verbaux, au moment de la création du monde, il répète à la fin de chaque étape : « c’est bien » ou « cela est très bien ».
En donne-t-il ?
Les SDR donnés par « dieu » sont souvent inconditionnels. Il dit au premier couple : « grandissez (formez-vous, développez-vous) et multipliez, partez à la conquête de votre environnement. » (Gen.1 :28). Ces signes de reconnaissances sont très forts, inconditionnels, sous forme d’autorisations verbales. Il leur fabrique des tuniques et les habille (Gen. 3 :21), c’est un signe de reconnaissance symbolique et physique. Certains signes sont conditionnels, associés à des comportements positifs.
Que signifie cette gestion en termes de soif de stimulation et de reconnaissance ? Faites le lien avec l’histoire du personnage.
Steiner explique (1996, p.158) : « … pour comprendre vraiment pourquoi les gens font des transactions les uns avec les autres, on doit supposer l’existence d’une force qui les pousse […] soif de stimulation, soif de structure, et soif de position. »
L’immense soif de stimulation a poussé « dieu » à créer un monde pour sortir d’une solitude absolue et avoir accès aux sdr’s nécessaires. Son omniscience, son omnipotence, et absence de traumatismes antérieurs, expliquent qu’il se tourne vers la création d’être libres et évolués, « à son image », dans la recherche des sdr les plus intenses et les plus droits : ceux liés à l’activité, et, si possible, à l’intimité. Tout au long de son histoire, il s’évertue à créer des alliances ayant pour but une activité de création de cadre pédagogique pouvant amener à plus d’intimité. Sa soif de reconnaissance inclut d’être reconnu pour lui-même et non pour les services qu’il peut rendre (sdr inconditionnels).
2- Donnez une définition de ce qu’est un Etat du Moi.
Berne nous dit (1998, p. 25) : « En langage technique, un état de l’ego peut se décrire phénoménologiquement comme un système cohérent de sentiments, et opérationnellement comme un système cohérent de types de comportement. » L’AT distingue trois EDM, le Parent (extéropsyché) – lorsque le moi s’exprime à partir des figures parentales intériorisées, l’Adulte (néopsyché) – lorsque le moi se réfère à la réalité et à la logique, et l’Enfant (archéopsyché) – lorsqu’il se réfère à ses émotions, réflexions et croyances enfantines.
Comment le diagnostiquer ? Le diagnostic est l’identification de l’EDM aux commandes dans une situation donnée. Trois aspects doivent concorder (STEINER 1996 p.47) : le comportement de la personne observée (diagnostic comportemental), la réaction émotionnelle de l’observateur (diagnostic social) et l’opinion de la personne observée (en fonction de son ressenti, diagnostic phénoménologique et de l’identification d’une expérience similaire dans le passé – diagnostic historique).
Quelle différence faites-vous entre le modèle structural et le modèle fonctionnel ? L’analyse structurale s’intéresse à l’« identité » des personnages intérieurs de la personne : Qualités de son Parent ( et des EDMm, EDMp…), son Adulte, son Enfant (et ses EDM1). L’analyse fonctionnelle, au contraire, est l’étude à un instant donné de l’EDM à partir duquel émanent les réactions de la personne. Ce qui importe alors n’est pas l’origine du Parent, mais son fonctionnement dans la transaction étudiée (Parent Normatif ou Nourricier, + ou – ; Adulte, Enfant libre ou adapté…).
Décrivez (ou inventez) des scènes où votre personnage est en Parent, en Adulte en Enfant, et expliquez comment vous déterminez de quel Etat du Moi il s’agit (diagnostic des edm’s).
Le Parent de « dieu » dit au premier couple « où es-tu ? » après leur transgression. Le diagnostic comportemental de cet état est clair : « dieu » les recherche, veut les accompagner, les interpelle, se comporte comme un parent. Le diagnostic social est avéré puisque le premier couple se met en position d’enfant.
« dieu » est en position adulte lorsqu’il négocie avec Abraham l’avenir de Sodome et Gomorrhe. Il se comporte rationnellement Abraham répond de même.
« dieu » est en position « Enfant » lorsqu’il s’adresse à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple rétif. Laisse-moi allumer contre eux ma colère et que je les anéantisse, tandis que je ferai de toi un grand peuple! ». La réaction est très émotionnelle, il demande une autorisation à Moïse, comme un enfant. Moïse répond en Parent et le rassure (avant de croiser en mode adulte pour le ramener à plus de raison).
Expliquez ensuite la différence entre modèle structural et modèle fonctionnel, avec des exemples de votre personnage.
D’une façon structurale, « dieu » est parfait, par définition. Dans son fonctionnement, il est en prise avec des partenaires imparfaits et « glisse » parfois. Le Parent de « dieu » possède un caractère nourricier positif (nourrit hébreux dans le désert) et un caractère protecteur positif (il fait sortir les hébreux d’Egypte) très forts. D’un point de vue fonctionnel, il se retrouve parfois en position de sauveur, avec glissement dans le Sauveur dramatique (PNr -) voire le Persécuteur (PNf-) dans des colères destructrices. Structuralement, son adulte est parfait et fort, fonctionnellement, il est également sollicité.
Structurellement, l’Enfant de « dieu » est un enfant libre, il met en œuvre son pouvoir créateur, s’amuse avec Adam et les animaux… D’un point de vue fonctionnel, dans la Bible, « dieu » se trouve rarement dans des situations qui lui permettent de vivre cette liberté.
3 – Donnez l’exemple d’une transaction parallèle,
Une transaction est « un échange de signes de reconnaissance (un stimulus et une réponse) provenant d’un Etat du Moi de l’un des interlocuteurs, et atteignant un état du moi de l’autre interlocuteur. » (B&H p.66)
Claude Steiner définit bien les transactions parallèles et croisées (2000) : « Une transaction complémentaire met en action un état du moi pour chaque personne. Dans une transaction croisée, la réponse est adressée à un état du moi différent de celui qui a émis le stimulus. »
Lorsque « dieu » discute avec Abraham de l’épisode de Sodome et Gomorrhe que nous avons déjà évoqué, la transaction est parallèle d’adulte à adulte. « dieu » explique ses raisons, Abraham argumente.
d’une transaction croisée
Lorsque « dieu » parle avec Moïse de la faute du veau d’or, la transaction est croisée : « dieu » commence dans l’émotionnel, à partir de l’Enfant, et se tourne vers l’Enfant de Moïse : « Viens ! On les détruit ! Tu partages ma colère, n’est-ce pas ! » ou son Parent : « Allez, autorise-moi à les détruire ! ». Quoi qu’il en soit, Moïse finit par croiser en Adulte, rappelle les faits et leurs raisons, énonce son refus de participer à une telle entreprise.
d’une transaction cachée, de cette personne avec une autre.
Les transactions « Duplex », « cachées », « à double fond » sont des transactions qui fonctionnent à deux niveaux, un niveau apparent, social, et un niveau latent, psychologique. « Dans une transaction cachée, le niveau social masque généralement la signification réelle (psychologique) de la transaction. », nous dit Claude Steiner (1996, p.56).
Analysons une transaction entre « dieu » (des anges) et Avraham (ou Sarah) :
Dialogue au niveau social : Les anges arrivent. Les anges (stimulus) : « où est Sarah, ta femme ? » Abraham (réponse): « elle est dans la tente ». Le message semble concerner la géolocalisation de Sarah.
Au niveau psychologique : « où est Sarah, ta femme ? », autrement dit « où en est-elle ? », avec une connotation : « sais-tu où elle en est ? est-elle au courant ? ça marche bien votre relation ? ». « elle est dans la tente, désolé, je ne l’ai pas prévenue, elle est là-bas si vous voulez lui parler »[1].

et énoncez les trois règles de communication correspondantes.
Les trois règles de la communication relatives aux transactions sont les suivantes :
1 Les transactions parallèles et complémentaires peuvent se poursuivre indéfiniment.
2 Les transactions croisées se terminent où se modifient.
3 Dans les transactions à double fond, c’est le niveau psychologique qui est pris en compte pour l’application des deux premières règles.
Illustrez ces exemples par des schémas transactionnels comportant des échanges (sur une page séparée)
4 – Illustrez à partir d’un même exemple la façon dont cette personne pourrait méconnaître un stimulus selon les 4 modes (parfois appelés « niveaux »).
Une méconnaissance est un déni, qui peut porter sur des stimulus, des problèmes et des options à quatre niveaux : on peut nier leur existence, leur importance, les alternatives, les capacités personnelles.
Choisissons comme stimulus la révolte des hébreux au pied du Mont Sinaï. « dieu » manifeste les 4 niveaux de méconnaissance, et en sort grâce à l’aide de Moïse (Exode 32 :10 s.).
Le stimulus est d’abord nié dans son existence, avant que « dieu » ne prenne conscience du cri des hébreux en adoration devant une statue de veau d’or. Sans doute est-il d’abord trop absorbé et ne remarque-t-il pas l’existence du stimulus.
Il méconnait ensuite sa place personnelle dans l’histoire et s’exclame : « Va, descends! car on a perverti ton peuple que tu as tiré du pays d’Égypte! », il nie ainsi l’importance du problème : cela ne le concernerait pas.
Lorsqu’il reconnait le problème, il commence par ignorer les possibilités de résolution, il énonce : « Je vois que ce peuple est un peuple rétif. Donc, cesse de me solliciter, laisse s’allumer contre eux ma colère et que je les anéantisse, tandis que je ferai de toi un grand peuple ! ». Moïse, bien entendu s’oppose à ce déni et explique le problème d’image que rencontrerait « dieu » en agissant de la sorte.
« dieu » doute alors de ses capacités personnelles, et se sent piégé dans le serment qu’il vient de prononcer. Ayant dit « je vais les détruire », peut-il revenir sur sa parole ? Moïse encore une fois, l’aide à sortir de l’impasse et le délie de son serment (selon des commentaires bibliques, cet épisode n’est pas directement dans le texte du Pentateuque). Ainsi, « l’Éternel révoqua le malheur qu’il avait voulu, infliger à son peuple. Moïse redescendit de la montagne… » et des solutions alternatives de conciliation seront envisagées.
5 – Lorsque cette personne entre en symbiose avec quelqu’un d’autre, de quelle façon est-ce et en quelles circonstances ?
La symbiose est « une relation dans laquelle on renonce à utiliser ou à développer des parties de soi déléguées à l’autre » (B&H p.86). Dans l’exemple de la question précédente, « dieu » est d’abord en état de méconnaissance, et appelle un fonctionnement symbiotique de la part de Moïse : il se permet d’être dans son état du moi Enfant, et Moïse est appelé à endosser un état du moi Parent. Moïse croisera la transaction le plus tôt possible et répondra à partir de l’Adulte pour endiguer le fonctionnement symbiotique.
Il arrive également, que « dieu » fonctionne avec les hébreux dans un mode symbiotique, en tant que Parent Persécuteur, les punissant avec fracas de leurs transgressions. Il agit alors comme leur Parent.
Quelles conséquences cela entraîne-t-il, par exemple, en termes de comportements passifs ?
Cette violence vers l’extérieur est une manifestation classique des comportements considérés comme passifs en A.T., comme le sont également l’inaction, la suradaptation, l’agitation et la violence vers l’intérieur (dite incapacitation). Moïse y met bon ordre.
La chaine symbiotique inclut une première fusion, celle du Parent et de l’Adulte de Moïse avec l’enfant des hébreux. Un fois « papa Moïse » parti travailler en mode adulte avec « dieu », les hébreux privés de leur Parent se créent un substitut : un veau d’or. Les conséquences sont une réaction en chaine d’accusations colériques et violentes. « dieu » accuse Moïse sur le mode enfantin (« ton peuple, que tu as fait sortir d’Egypte »), Moïse accuse Aaron (« Que t’avait fait ce peuple, pour que tu l’aies induit à une telle prévarication? » Ex. 32 :21), Aaron accuse le peuple (« Que mon seigneur ne se courrouce point; toi-même tu sais combien ce peuple est prompt au mal » Ex. : 32 :22).
Par la suite, Moïse comprendra la nécessité de démonter la symbiose, le chapitre 33 de l’Exode détaille : « Pour Moïse, il prit sa tente pour la dresser hors du camp, loin de son enceinte et il la nomma Tente d’assignation; de sorte que tout homme ayant à consulter le Seigneur devait se rendre à la Tente du rendez-vous, située hors du camp. » Une distanciation est ainsi introduite, qui permet une connexion « désymbiotisée », à tel point que « l’Éternel s’entretenait avec Moïse face à face, comme un homme s’entretient avec un autre » (v. 8). Le mode adulte, symétrique, égalitaire, est réinstallé.
6 – Quel mode de structuration du temps votre sujet privilégie-t-il ? Pourquoi ? (faites le lien avec les signes de reconnaissance échangés). Décrivez les 5 autres modes en décrivant les moments où le personnage s’y livre, ou bien les raisons pour lesquelles il évite certains modes.
La structuration du temps est le type de comportement que nous adoptons pour satisfaire notre plus ou moins grande soif de structure et notre soif de reconnaissance. L’AT en distingue cinq modes, inégalement utilisés par « dieu ».
Le « dieu » biblique hébraïque privilégie l’activité, et en particulier :
Ces activités se font en partenariat avec les humains.
Les autres modes de structuration du temps sont peu utilisés par « dieu » :
Les procédés et rituels sont des échanges de strokes pré-formatés. Les passe-temps sont des sujets classiques de discussion sans créativité. Ces deux modes sont pauvres en strokes et peu intéressants, « dieu » n’y joue presque jamais, il peut à la rigueur prescrire des procédés et rituels afin de permettre la relation avec ceux qui n’ont pas encore les ressources pour les autres modes.
« Les jeux sont des séries de transactions répétitives et détournées destinées à obtenir des strokes. » (STEINER 2000). « dieu » aspire à des strokes positifs et non négatifs, libres et non extorqués, obtenus à partir d’une position +/+. Il ne joue pas de jeux (même s’il lui arrive de se laisser glisser dans un rôle de Persécuteur).
L’intimité est un mode relationnel qui nécessite la mise en relation de deux enfants libres. « dieu » aspire à ces strokes riches et puissants, mais peine à trouver des personnes suffisamment « alphabétisées émotionnellement » (STEINER 2011), il encourage ses partenaires à s’élever à ce niveau pour partager ces moments. Jusqu’à présent, Moïse, seul, a pu jouer ce rôle.
7 – Comme tout le monde, cette personne joue sans doute parfois à un jeu psychologique. Donnez un exemple de jeu en expliquant le déroulement du processus grâce au triangle dramatique ou bien à la formule J.
Un jeu psychologique est « le déroulement d’une série de transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat bien défini, prévisible. » (BERNE 1998 p.50) et qui « a comme résultat de valoir un bénéfice à chacun des deux joueurs » (STEINER 1996 p.58). Les jeux se jouent en dehors de la conscience adulte. « dieu » n’a pas besoin de la sécurité des jeux pour se procurer des SDR, il aspire à des SDR positifs et non négatifs, sa conscience adulte est très affutée. S’il est « happé » par des jeux, la raison en est l’atrocité des jeux de troisième degrés joués par les humains et la difficulté de sauver sans glisser dans le Sauveur.
Le jeu se schématise avec la formule J de Berne (Jeu = Attrape nigaud + point faible –> réponse + déclic + moment de stupeur + bénéfice négatif) où à travers le « triangle dramatique » de Karpman, nous choisirons cette deuxième option, pour analyser le jeu de « la délivrance des hébreux d’Egypte ».
Initialement, « dieu » échoue systématiquement à libérer les hébreux (Victime) d’un « pharaon oppresseur » (Persécuteur) qui promet sans cesse d’accéder à sa demande avant de se rétracter.
Le jeu se dénoue brutalement lorsque « dieu » fait passe au niveau 3, il provoque la mort de tous les premiers nés d’Egypte, devient Persécuteur et repousse Pharaon en position Victime. Pharaon monte alors les enchères pour une nouvelle partie, il revient à l’attaque en Persécuteur, « dieu » passe également de niveau et reprend la main, toute son armée égyptienne périra noyée. Ce jeu est évidemment du troisième degré « + » puisqu’il conduit à la morgue une armée entière.
Ce personnage joue-t-il plutôt au premier, au deuxième ou au troisième degré ? Comment cela se passerait-il s’il jouait aux autres degrés ?
Les jeux du premier degré sont légers et acceptés socialement, ceux du deuxième degré restent généralement privés et mettent en jeu la relation, ceux du troisième degré se terminent « à l’hôpital psychiatrique, à l’hôpital, ou à la morgue ». « dieu » n’est entraîné que dans des jeux du troisième degré, c’est uniquement en raison de l’enjeu vital de son intervention qu’il accepte de mettre le doigt dans l’engrenage des jeux humains.
Quel lien faites-vous avec son scénario ?
Sa croyance de scénario « personne ne fera jamais rien pour moi » et sa décision « je ferai tout moi-même », « je suis responsable de tout » le poussent à prendre des responsabilités à la limite du Sauvetage, tel est son « point faible » qui l’attire dans certains jeux.
8 – Quelle est la position de vie la plus fréquente de votre personnage ? Comment l’expliquez-vous ? Définissez la position de vie et décrivez les quatre positions possibles.
La position de vie ou position existentielle est « L’ensemble des croyances fondamentales qu’une personne a sur elle-même et sur les autres et qu’elle utilise pour justifier ses décisions et son comportement. » (N&E p.189). Berne définit quatre positions de vies, que nous allons illustrer avec des exemples de la vie de notre personnage :
« dieu » commence dans la « position de base », comme un bon petit « prince » au sens de Berne, il fait confiance au premier couple, il est dans le GOW, « getting on with », il a créé le monde, il se retire et passe le relais à l’humanité, en partenariat, en confiance. C’est la position ok/ok, +/+.
Rapidement, la situation dégénère, il constate que les êtres humains peuvent totalement s’égarer et adopte à l’occasion une position « Tu n’es pas OK » au point d’incarner très fortement le GRO, « getting rid of », se débarrasser des humains en détruisant tout, il est persécuteur et totalitaire, c’est l’épisode du déluge, en position ok/ok ; +/-. Par la suite, il apprendra à être plus modéré, principalement grâce aux interventions d’Abraham et de Moïse.
« dieu » n’est jamais dans la « position dépressive » -/+, ok/ok, qui incite au GAF, « getting away from ».
Il lui arrive sans doute secrètement d’investir le GNW, « going nowhere », le -/-, ok/ok, la position désespérée. (On peut se demander si son silence actuel constitue un sain refus d’entrer dans des jeux ou un positionnement GNW.)
La position prédominante en termes de croyance sur lui-même est « je suis ok », omniscient, omnipotent, source de toute chose, on ne l’imagine pas autrement, bien que cette confiance soit forcément entachée par son expérience initiale d’absolue solitude, « Si l’on ne te caresse pas, ta moelle épinière se flétrira » (BERNE p.14)
La position initiale « tu es ok » s’explique par sa perfection même. Son évolution avec un passage « tu n’es pas ok » s’explique par les désillusions qu’il rencontre en raison de son inexpérience, et elle sera modérée par sa rencontre avec Moïse qui lui permettra de revenir au +/+.
9 – Dessinez une matrice de scénario pour cette personne en y incluant les principaux messages scénariques (injonctions, contre-injonctions, programme) reçus de chacun des parents et d’autres figures importantes.
Pour Steiner, le scénario est l’ « [application d’] une décision forcée et prématurée, prise dans la petite enfance », ainsi, « tout le monde n’a pas de scenario ».(STEINER 1996 p.146) « dieu » n’a pas réellement été enfant, pourtant, on peut considérer qu’ayant été seul avant sa création du monde, il « naît » à la relation avec la création du premier humain. Par ailleurs, il rencontre à travers la culture humaine naissante des personnages forts qu’on lui apparente, ces éléments pèsent alors sur la formation de ses compétences relationnelles naissantes. Nous considérerons ici que « dieu » est né de : 1 – une vision idolâtre, abusive, Persécutrice – nous la nommerons Baal ; 2 – une vision pure, humaniste, éthérée, spinoziste, presque athée d’une référence abstraite à une force de vie respectueuse de la liberté de tous – nous la nommerons Essence divine ; 3 – une vision pragmatique, constructiviste, riche de savoir-faire relationnel – il s’agit de Moïse. 4 – Enfin, ajoutons une figure « vide », qui est l’expérience de vie de « dieu » avant la création du monde.
Voir la matrice sur la feuille jointe.

Enfin, donnez vos hypothèses de décision scénariques prises par votre personnage.
« dieu » étant omniscient, donc versé en Analyse Transactionnelle, il a fait bon usage de toutes les occasions de remettre en cause son scenario.
Initialement, l’injonction « ne sois pas proche » a émané de l’absence totale de réponse, due à sa solitude objective. L’injonction « ne ressens pas » a du émerger de l’absence totale de stimulation, porteuse d’un scenario « sans amour ». Cependant, les ressources de « dieu » étant infinies, il a eu une forte conscience de son existence. Ayant, à juste titre à cette époque la croyance scénarique « personne ne fera jamais rien pour moi », il a développé une décision « je ferai tout par moi-même ». Omniscient, il a décidé « je serai responsable de tout ».
Après avoir créé le monde, avide de relation vraie, il s’est retiré pendant la septième période, pour laisser le monde et l’humanité « grandir et fructifier » en une entité indépendante. Influencé par les déités païennes créées par les humains, il est parfois retourné à un mode Sauveur/Persécuteur karpmanien quittant son contre-scenario. Il a pu par la suite sortir réellement de son scénario grâce à l’aide de Moïse, qui lui a donné les permissions nécessaires, les prescriptions utiles à l’établissement d’une relation, ainsi qu’un programme. Devenu capable de relations et sensible aux stimulations d’un partenaire à la hauteur, il a globalement échappé au scénario « sans amour ».
10 – Que pourrait lui apporter une psychothérapie en Analyse Transactionnelle ?
Si « dieu » a pu sortir de son scenario « sans amour », il reste très dépendant pour ses SDR de ressources assez fragiles : l’humanité qui oscille, « Encore maintenant, il est difficile de prévoir ce qui va se passer. Est-ce que la loi et l’ordre des grandes personnes vont venir à bout de l’insouciance des enfants ? Ou bien est-ce que les grandes personnes, suivant l’exemple de la femme Hippie et des enfants, vont accepter l’idée qu’ils auront toujours autant de douces caresses qu’ils en ont besoin ? » (STEINER 2006 p.156)
Dans le premier cas, si l’humanité persiste dans une stricte économie limitatrice des SDR, « dieu » sera indéfiniment instrumentalisé pour servir « la loi et l’ordre ». Dans le cas contraire, il pourra profiter de la libération de l’économie des caresses, la paix l’emportera, la violence se tarira, et effectivement « Le loup habitera avec l’agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira. » (Isaïe 11 :16), « ceux-ci alors de leurs glaives forgeront des socs de charrue et de leurs lances des serpettes; un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus l’art des combats » (Isaïe 2 :4).
« dieu » a fait un bon travail thérapeutique par lui-même, et avec l’aide de Moïse, cependant il est soumis à une grande pression compte tenu de l’absence de SDR de qualité, il est très fortement sollicité comme sauveur, et étant une ressource unique, le risque de glisser vers le rôle du Sauveur persiste. Sa situation d’omnipotence le met devant une difficulté particulière, semblable à celle du bon thérapeute qui refuserait d’entrer dans aucun des rôles du jeu de l’alcoolique : « celui qui refuse de jouer aucun de ces rôles a tendance à soulever l’indignation publique », ceux qui « [tâchent] de réaliser de vraies cures en démembrant le jeu plutôt qu’en se bornant à venir en aide aux patients » courent les risque, comme le dit Berne, de « n [‘être] jamais rappelé au traitement de ces malades ». (BERNE 1998 p.81)
Une thérapie de soutien dans cette situation délicate est fortement recommandée, jusqu’à ce qu’émergent à nouveau une figure comme Moïse, capable de satisfaire aux besoins de SDR à travers l’intimité.
[1] Ceci est fondé sur l’hypothèse qu’Abraham a identifié le double sens de cette interpellation. Dans le cas contraire, il n’a pas saisi le sens caché (c’est donc une transaction angulaire), mais Sarah, elle, l’a très bien perçu, elle se place « à l’entrée de la tente » et réagit activement aux informations qui lui sont transmises. Il se peut même que l’ensemble de ce dialogue lui soit adressé indirectement dans une société patriarchale où il serait inconvenant que les « anges » l’interpellent directement. Notons qu’Abraham étant déjà au courant de la future grossesse de Sarah, et ne l’ayant pas mise au courant, la vraie question est celle de leur relation : Les « anges » viennent réparer l’inégalité entre Abraham et Sarah.